Avant la naissance

I-Du bagage chromosomique au sexe de l’enfant à la naissance


QU'EST-CE QUE LE SEXE? 

Le sexe est déterminé à trois niveaux, correspondant à trois étapes de la différenciation sexuelle :

Première étape : Le sexe génétique est établi à la fécondation et dépend de la nature des chromosomes sexuels.

Deuxième étape : Le sexe gonadique est défini par la présence d’ovaire ou de testicule pendant la vie fœtale et est contrôlé par les gènes.

Troisième étape : Le sexe phénotypique (ou somatique) s’établit pendant deux périodes différentes :                                                                                                                          
– La vie fœtale et néonatale avec l’apparition des caractères sexuels primaires essentiels à la reproduction pour la mise en place du tractus génital, des organes génitaux externes et des éléments du système nerveux central 
– La puberté avec l’apparition des caractères sexuels secondaires. Ils ne sont pas nécessaires à la conception d’un individu (Comme la pilosité, les glandes mammaires, la voix grave ou encore la mise en place des dimorphismes sexuels).

Normalement, il existe une correspondance entre ces 3 étapes. On peut donc affirmer que la différentiation sexuelle est séquentielle, rangée et en cascade puisque tout découle du sexe génétique (dans les cas du développement normal de cette différentiation sexuelle).

Deux phénotypes sexuels interviennent dans la reproduction humaine : l’un masculin et l’autre féminin. Ces phénotypes se différencient à plusieurs niveaux : anatomiquement, physiologiquement et chromosomiquement.
           
Anatomiquement :

Chez l’homme, le phénotype sexuel est déterminé par la présence de :
-       Testicules
-  Caractères sexuels primaires (pénis, épididyme, canaux déférents et  glandes annexes)
-       Caractères sexuels secondaires (pilosité développée, voix grave)

Représentation de l'appareil génital de l'homme vue de profil


Chez la femme, le phénotype sexuel est déterminé par la présence des :
-       Ovaires
-       Caractères sexuels primaires (les trompes, l’utérus, le vagin, et les organes génitaux externes)
-       Caractères sexuels secondaires (développement de la poitrine, voix plus aiguë)
Physiologiquement :
Dès la puberté, les testicules produisent des spermatozoïdes de manière continue, contrairement aux ovaires, qui fabriquent un seul ovocyte par cycle de 28 jours, de la puberté à la ménopause.
Il faut savoir que lors du développement embryonnaire, les caractéristiques anatomiques et physiologiques de l’homme se mettent en place.

Chromosomiquement :
La paire de chromosomes sexuels, XY chez l’homme, et XX chez la femme est déterminée dès la fécondation et se retrouve dans toutes les cellules de l’organisme.


            A) L'origine commune d'appareils génitaux différents

Le phénotype est indifférencié, semblable  pour les deux sexes, au début du développement embryonnaire. En effet, les gonades et les organes génitaux de l’embryon ne sont pas différenciés. L’embryon possède également des voix génitales formées par les canaux de Wolff et les canaux de Müller.

C’est donc la présence de chromosomes sexuels XX et XY dans les cellules de l’embryon qui détermine le développement des gonades.

Caryotype d'un homme et d'une femme

Le corps humain contient 23 paires de chromosomes qui portent, dans le noyau de chaque cellule, les gènes. Ce bagage génétique est donné à la fois par la mère (23 chromosomes) et le père (23 chromosomes).

La 23ème paire diffère selon le sexe. En effet, les hommes héritent d’un chromosome Y provenant du père et d’un chromosome X de la mère. Alors que les femmes ont un chromosome X de chaque parent. Ainsi, Les femmes sont XX et les hommes XY.


Par contre on sait que chez certaines espèces animales (la drosophile), le sexe est défini par le nombre de chromosomes X (le rapport entre le nombre de chromosomes X et le nombre d'autosomes). On peut donc supposer un tel mode de contrôle génique : le sexe serait déterminé par le nombre de chromosomes X. 

           B) Le déterminisme chromosomique du sexe gonadique

Le chromosome Y est porteur du gène SRY, qui est à l'origine de la différenciation des gonades en testicules durant la vie fœtale. Si le chromosome Y est absent, la gonade se différencie en ovaire.

LE RÔLE DU GÈNE SRY

La première étape dans l’évolution de l’appareil génital est  la différenciation des ébauches gonadiques en testicule ou ovaire. Sa réalisation se situe vers la 7ème semaine du développement embryonnaire chez le garçon et vers la 8ème semaine  pour la fille.

Les études portant sur des individus au phénotype inversé (hommes XX et femmes XY), montrent qu'une partie d'ADN du chromosome Y (absent du chromosome X), le gène SRY, est à l’origine de la mise en place du phénotype sexuel mâle.

La présence anormale de ce gène SRY (Sex détermining Région of the Y chromosome) au stade des chromosomes XX, entraîne  la mise en place du phénotype mâle.
Ainsi, le gène SRY est responsable de la masculinisation des ébauches gonadiques, ce qui provoque leur transformation en testicules.

Le gène devient actif vers la 7ème semaine et entraîne la fabrication de la protéine TDF (TesticuleDétermining Factor). Les expériences de transgenèse ont permis de valider le rôle de ce gène.

Cette protéine SRY a la capacité de se fixer sur une partie de l’ADN et de stimuler l'expression de certains gènes appelés architectes. Ces gènes provoquent une différenciation des gonades indifférenciées en testicules.

Le principal responsable de l’installation du sexe (phénotype) gonadique est donc le gène SRY. Ainsi, le sexe génétique (XX ou XY) intervient uniquement à cette étape du développement embryonnaire (7ème semaine) pour l'engendrement du phénotype sexuel.
Les gonades de l'embryon changent en l'absence du gène SRY et donc de la protéine TDF et se transforment en ovaires et en phénotype sexuel femelle.

Le gène SRY limite ainsi son action à la différenciation des gonades en testicules. La masculinisation du phénotype ne peut s’effectuer en l’absence de testicules.


La différenciation des appareils génitaux

             C) Du sexe gonadique au sexe phénotypique


Chez l'homme

La masculinisation est contrôlée par le testicule fœtal de l’appareil génital car il sécrète de la testostérone. Ce phénomène provoque le développement des canaux de Wolff en voies génitales mâles, et donc la masculinisation des organes génitaux externes. Le testicule sécrète également de l’AMH, une hormone antimüllérienne qui provoque la régression des canaux de Müller.

Les canaux de Müller, régressent totalement, ne laissant qu'une faible partie au niveau de l'épididyme (l'hydatide sessile) et un petit diverticule de l'urètre prostatique (l'utricule prostatique).

Au niveau supérieur, les canaux de Wolff régressent eux aussi, ne laissant qu'une partie appelée l'hydatide pédiculée.
Ils forment, dans leur partie moyenne, les canaux épididymaires, où se raccordent les canaux efférents.

Dans leur portion inférieure ils se transforment en canaux éjaculateurs qui débouchent dans l'urètre prostatique. A l’intersection de ces segments, les ébauches des vésicules séminales sont constituées par deux bourgeonnements de la paroi.

A partir de la neuvième semaine, la partie distale des conduits génitaux et urinaire dépend de l'évolution du sinus uro-génitalDe la 9ème à la 14ème semaine, les organes génitaux externes apparaissent à partir du tubercule génital. Les orifices génital et urinaire sont communs.


Voies génitales mâles différenciées

                                       
Chez la femme 

L’absence de testostérone amène la régression des canaux de Wolff.
La différenciation des canaux de Müller en voies génitales femelles (trompes, utérus et partie haute du vagin) est occasionnée par l’absence d’AMH.

Chez le fœtus femelle, les canaux de Wolff disparaissent totalement et ne laissent que quelques petits kystes allongés (canaux de Gartner). On les retrouve contre les parois latérales hautes de l'utérus et du vagin, ainsi que de l'hydatide pédiculée

Les canaux de Müller, constituent dans leurs segments supérieurs, les trompes de Fallope.
Dans leur segments inférieur, ils se combinent ensemble pour former le canal utéro-vaginal. Les segments moyens se transforment en deux cornes utérines. C’est à partir du quatrième mois que les deux cornes utérines se réunissent en un utérus unique : le tubercule de Müller devient alors le col de l'utérus et le vagin se forme.

Au 4ème mois, la partie basse du vagin, c’est-à-dire la partie distale des conduits génital et urinaire dépend de l'évolution du sinus uro-génital. Au cours du troisième mois, les organes génitaux externes sont créés à partir du tubercule génital. Les orifices urinaire et génital sont totalement distincts l'un de l'autre. 


Voies génitales femelles différenciées

Le début de la différenciation des voies génitales s’effectue entre la 9ème et la 10ème semaine chez l’homme et à partir de la 10ème semaine chez la femme.

Le logiciel « Différenciation sexuelle » résume bien la structure de l’appareil génital indifférencié et le déroulement de sa différenciation. Nous avons réalisé les expériences suivantes :

Hypothèses
Protocoles
Résultats
Conclusion
Les chromosomes sont responsables de la différenciation des gonades à l’origine de la formation d’appareils génitaux différents
Mâle = choix des chromosomes XY

Régression des canaux de Müller et développement des canaux de Wolff à l’origine de la formation des testicules

Le chromosome Y est responsable de la formation des testicules. En l’absence de chromosomes Y, la gonade se différencie en ovaire
Femelle = choix des chromosomes XX
Régression des canaux de Wolff et développement des canaux de Müller à l’origine de la formation des ovaires
Les gonades agissent par l’intermédiaire de substances actives véhiculées par le sang.
Mâle = témoin : choix des chromosomes XY

Développement des canaux de Wolff + régression des canaux de Müller

La présence de testostérone entraîne le développement des canaux de Wolff.
Choix des chromosomes XY + testostérone

Développement des canaux de Wolff + régression des canaux de Müller

Femelle = témoin : choix des chromosomes XX

Régression des Canaux de Wolff + développement des canaux de Müller

Choix des chromosomes XX + testostérone
Développement des canaux de Wolff et de Müller


Schéma de synthèse